Paroles de dimanches

La vie se passe en bas de la montagne

Photo André Myre

Par André Myre

Paroles de dimanches

21 février 2024

Crédit photo : Matthias Mullie / Unsplash

Dans D’après Marc, la péricope choisie par la Liturgie pour ce dimanche (Mc 9,2-10) termine une petite série de textes qui portent sur l’identité de Jésus (8,27 – 9,8)[1]. Pierre voit ce dernier comme le messie, capable de régler tous les problèmes, alors que le Jésus de Marc se considère plutôt comme l’Humain qui doit mourir tragiquement, avant de se lever des morts.

Au tour de la Voix, qui s’était fait entendre une première fois lors du baptême de Jésus par Jean (1,11), de clore la question.

 

Mc 9,2 Et, après six jours, Jésus emmène Pierre, et Jacques, et Jean, et il les conduit sur une haute montagne, à l’écart, seuls. Et il fut transformé devant eux, 3 et il arriva que ses manteaux étaient brillant très blanc, tels que sur la terre un blanchisseur ne peut blanchir autant. 4 Et Élie leur apparut avec Moïse, et ils étaient conversant avec Jésus. 5 Et, ayant répondu, Pierre dit à Jésus :

Mon grand maître, c’est une belle chose pour nous d’être ici, et faisons trois tentes : une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie.

6 Car il ne savait quoi répondre, car ils arrivèrent terrifiés. 7 Et arriva un nuage jetant une ombre sur eux, et arriva une Voix du nuage :

Celui-ci est mon fils, l’aimé, entendez-le.

8 Et soudainement, ayant regardé tout autour, ils ne virent plus personne, mais Jésus seul avec eux.

 

9 Et, eux descendant de la montagne, il insista auprès d’eux pour qu’ils ne racontent à personne ce qu’ils ont vu, sinon quand l’Humain se sera levé des morts. 10 Et ils s’emparèrent de ce dire, discutant entre eux :

C’est quoi, ce «s’être levé des morts»?

 

 

Traduction

 

Six jours (v 2). Six est le chiffre de l’imperfection. «Six jours» peut donc indiquer une période d’attente, d’inconfort, de souffrance.

Haute montagne (v 2). Comme la divinité réside au ciel, en haut, la montagne est le lieu privilégié de la rencontre avec elle. C’est pourquoi, traditionnellement, les lieux de prière sont souvent situés sur des hauteurs, tels les «hauts lieux» de l’Ancien Testament, expression désignant les temples. Plus la montagne est haute, plus on est physiquement proche de Dieu. 

Blanc (v 3). La blancheur est un code culturel annonçant aux lecteurs une présence ou une activité divine.

Mon grand maître (v 5). Le grec reproduit le terme utilisé en hébreu ou en araméen quand on s’adresse à un lettré, soit rabbi (littéralement : «mon grand»). Après la chute du Temple, il va devenir le titre traditionnel des maîtres en Israël qui, entre eux, s’appelaient plutôt «sages» ou «camarades».

Nuage (v 6). Le nuage est considéré comme le véhicule utilisé par la divinité pour se déplacer dans le ciel.

 

I

 

La transformation de Jésus

 

La péricope traditionnelle est un texte proprement chrétien, expression de la foi en Jésus. Le seul élément qui soit fondé dans l’histoire du Nazaréen est le fait que les partisans de Jean, tout comme les siens, aient interprété la vie de leur maître respectif dans la ligne de l’attente de la venue d’un nouvel Élie-Élisée.

 

Traditions

 

1. À l’origine, la péricope devait simplement présenter Jésus comme le prophète des derniers temps, le nouveau Moïse attendu.

 

2 Et, après six jours, Jésus les conduit sur une haute montagne, à l’écart. 4 Et Moïse leur apparut, et il était conversant avec Jésus. 7 Et arriva un nuage jetant une ombre sur eux :

Celui-ci est le Prophète[2], entendez-le.

8 Et soudainement, ayant regardé tout autour, ils ne virent plus personne, mais Jésus seul avec eux.

 

Il faut ici rappeler qu’en Palestine, dans la première moitié du premier siècle, on attendait vivement la venue du prophète des derniers temps, semblable à Moïse ou à Élie. Deux textes de l’Ancien Testament appuyaient cette espérance; dans le premier, c’est Moïse qui parle à son peuple, dans le second, Yhwh :

 

Dt 18,15 C’est un prophète du milieu de toi, de tes frères, comme moi, que fera se lever pour toi Yhwh, ton Dieu.  Lui, vous l’entendrez.

 

Ml 3,23 Voici, je vous envoie Élie, le prophète, avant que vienne le grand et l’effrayant jour de Yhwh.

 

La péricope primitive était fondée sur l’attente du seul nouveau Moïse. Dans les évangiles, c’est surtout Matthieu qui témoigne de cette ligne d’interprétation de la vie de Jésus : séjour en Égypte; massacre d’enfants à l’occasion de sa naissance; sortie d’Égypte (Mt 1,13-23); discours sur la montagne, nouveau Sinaï (ch. 5-7); série de dix gestes puissants, équivalant aux dix plaies d’Égypte (ch. 8-9). La tradition du nouveau Moïse est moins répandue, dans les évangiles, que celle du nouvel Élie. En Marc, cette dernière affleure à plusieurs reprises : habillement de Jean (1,6), appel de partisans (1,16-20), opinion des gens sur Jésus (6,15; 8,28), partages des pains (6,35-44; 8,1-9), pour nommer les principales. Elle a aussi influencé un certain nombre de récits de guérison, puisque dans tout l’Ancien Testament, seuls les récits à propos d’Élie – et, à un moindre titre, de Moïse – ont pu servir de modèles pour raconter les gestes guérisseurs de Jésus[3].

2. Le texte grec dit de Jésus qu’il a été «métamorphosé». La métamorphose est un thème propre à la culture grecque et hellénistique : transformation d’un dieu en être humain, ou l’inverse. Le texte traditionnel reçu par Marc est le fruit de l’adaptation du récit primitif, par un scribe judéo-chrétien, à la mentalité de sa communauté de culture hellénistique. On reconnaît son intervention dans le passage suivant :

 

2 Et il fut transformé [metemorphôthè] devant eux, 3 et il arriva que ses manteaux étaient brillants très blanc, tels que sur la terre un blanchisseur ne peut blanchir autant.

 

Le scribe s’est probablement inspiré d’Ex 34,29 où il est dit de Moïse que «la peau de sa face émettait des rayons[4] pour avoir parlé avec lui [Yhwh]». Ce rédacteur ne pouvait se douter qu’en quelques mots il allait marquer à jamais l’interprétation de la scène («Transfiguration»).

La transformation de Jésus, tout comme l’apparition des prophètes Élie et Moïse, orientent l’interprétation du récit dans la ligne d’un sens qui vient de la divinité. Avant même que la parole de Dieu soit prononcée, les lectrices et lecteurs savent donc que Jésus fait partie de la ligue majeure des grands serviteurs de Yhwh. Une telle lecture est typique du retournement d’appréciation que la foi chrétienne a provoquée : certes, les adversaires de Jésus ont eu raison de lui, mais le Dieu vivant ne s’en est pas laissé imposer. Le scribe qui rédige un tel récit met la foi en images, tout comme l’artisan qui crée les vitraux d’une cathédrale. Et le rôle de la parole issue du nuage divin est justement d’expliciter le sens de l’image : Jésus est l’ultime prophète de Dieu.  Prophète, c’est peut-être le plus ancien titre donné à Jésus pour exprimer la foi en lui après sa mort, celui qui colle le mieux à son histoire. Tant en paroles qu’en gestes, il fut prophète de Dieu. Mais, au dire de Dieu lui-même, il fut plus grand qu’Élie et même – chose plus qu’étonnante – encore plus grand que Moïse lui-même, comme les deux l’ont eux-mêmes reconnu en venant se présenter à lui[5]. Il est donc légitime de lui faire confiance en s’engageant sur le chemin de vie qu’il a tracé.

 

Marc

 

C’est évidemment Marc qui est responsable de l’emplacement de cette péricope en conclusion de la série de textes sur l’identité de Jésus. Un signe clair en est la mention de l’«après six jours» (v 2), qui ne réfère à aucun événement dans la trame de son récit. Quant à sa rédaction, elle se concentre sur deux points. D’abord, la mention des trois partisans. Tout comme en 5,37, Marc dit de Jésus qu’il se fait accompagner de Pierre, Jacques et Jean; ce sont les trois principaux[6]; ils représentent le leadership de son Église, et Marc tient à préciser qu’ils sont les «seuls» que Jésus veut voir sur la montagne, avec lui. Ensuite, faisant pendant à 8,29, il présente la seconde «réponse» de Pierre à Jésus (vv 5-6). Et, finalement, parole très importante dans son évangile, il fait répéter par la «Voix», à l’intention des partisans, ce qu’elle a dit de Jésus en 1,11, à savoir qu’il était son propre «fils, l’aimé»[7].

Marc remet en scène Pierre selon qui Jésus est un messie qui ne doit pas subir le sort de l’Humain. Il le fait accompagner de Jacques et de Jean, les deux mêmes qui, avec lui, ont été témoins de la réanimation de la fille de Jaïre, alors que Jésus leur a sérieusement défendu de dire ce qu’il avait fait (5,37.43). On comprend ici pourquoi : ils auraient parlé de ses pouvoirs au lieu de sa fidélité à suivre le chemin sur lequel il s’était engagé. Alors qu’Élie et Moïse sont là, à lui donner toute la crédibilité voulue, Pierre, en son nom et celui des deux autres, s’entête dans son refus d’écouter Jésus : il veut le sortir de la vraie vie, l’installer sur la montagne et lui faire vivre une existence artificielle qui le fera échapper au sort qui l’attend. Il passerait son temps à converser sur son camping surélevé avec ses deux divins copains. Un très bel exemple du sarcasme marcien.

La réplique de Pierre n’a pas de sens et est motivée par la «terreur» – seul emploi du mot chez Marc –, sommet de la crainte des partisans de Jésus. Dans le contexte de l’évangile, il est évident que ce qui motive leur panique, ce n’est pas tant l’apparence de Jésus ou la présence des deux autres prophètes que la signification de la scène. Elle dit le sort qui attend Jésus[8] et donc le bout de chemin qu’ils sont invités à faire avec lui. Sur ce, Pierre, qui avait plus tôt été corrigé par Jésus, l’est de nouveau, cette fois par la Voix qui s’était adressée à Jésus au cours de son baptême par Jean (1,11). Puisque Jésus est le fils de Dieu, l’aimé, une directive divine leur est donné : «Entendez-le» (v 7). Par conséquent, qu’ils cessent de tergiverser et qu’ils fassent ce qu’il leur dit.

Cette parole est la dernière de la suite de textes sur l’identité de Jésus que Marc a ouverte en 8,27. C’est le sommet de l’évangile, le cœur de ce que Marc veut dire à ses lecteurs et lectrices et donc à son Église[9]. C’est un passage qu’il avait en vue depuis le premier verset de son évangile. Oui, c’est une bonne nouvelle que Jésus soit messie et fils de Dieu. C’est une bonne nouvelle, parce qu’il est ainsi révélé que le Dieu vivant est radicalement opposé à la façon dont le système – en l’occurrence Rome et Jérusalem – gère l’humanité. Dieu est tout le contraire d’un pouvoir oppresseur, ce qui est une bonne nouvelle pour celles et ceux qui vivotent à la base de la pyramide sociale.

C’est également une bonne nouvelle, parce qu’est ainsi dégagé le chemin qui permet de devenir un être humain digne de ce nom. Se mettre à la suite de Jésus avec confiance permet de devenir librement soi et l’esclave de rien ni de personne ici-bas. La mauvaise nouvelle, cependant, c’est que, se mettre sur le chemin de sa propre humanité fait encourir l’ire du système, de sorte qu’il est impossible de devenir soi-même sans porter la croix qu’il imposera. Oui, Jésus est messie et fils de Dieu, au sens qu’il trace clairement le chemin de la vie humaine, mais le chemin en question est celui de l’Humain, qui doit subir le sort que lui réservent Rome et Jérusalem, au Calvaire.

Marc a tout dit ce qu’il avait à faire comprendre de Jésus. Il ne lui reste qu’à montrer comment ses partisans, qui représentent son Église, une fois corrigés par la Voix elle-même, vont réagir une fois rendus en bas de la montagne.

 

Ligne de sens

 

L’importance de cette péricope est de donner tout son sens à la vie de Jésus. L’essentiel de ce qu’Élie, Moïse et la Voix ont à dire à son sujet tient dans les deux derniers mots du v 7 : «Entendez-le». À proprement parler, il s’agit d’un appel à croire, c’est-à-dire à faire confiance à Jésus et à s’engager sur le chemin qu’il trace. Selon l’évangile de Marc, croire, ce n’est pas proclamer une conviction, à savoir que Jésus est le nouveau Moïse ou le nouvel Élie, ou le messie, ou le fils aimé de Dieu. Croire, c’est faire confiance à Élie, Moïse et la Voix, et répondre positivement à l’invitation qu’ils lancent d’écouter Jésus. Il y a là, il faut le voir, un retournement de la religion, une mise à l’envers de la foi, une dévaluation du sacré au profit de l’engagement au quotidien. L’important n’est pas la rencontre avec Dieu. Certes, elle est nécessaire pour que se précise l’orientation de la vie.

Mais la rencontre n’arrive qu’en vue de la plongée dans le quotidien, la rencontre n’est qu’un coup de pouce orienté. Marc est très clair là-dessus. Il balaie du revers de la main la réaction de Pierre qui voudrait s’installer dans le divin. Il la dévalue à l’extrême : c’est une manifestation de «terreur» face aux exigences de la vie concrète. C’est se servir de Dieu pour échapper à la tâche de devenir soi. La vraie vie se passe en bas de la montagne, loin de Dieu. La tâche est justement, parce qu’on a été rencontré par lui et qu’on a entendu son appel à écouter Jésus, à le faire advenir dans un monde qui s’est bâti sans ou contre lui, ou prétendument en son nom. Alors que, pour Pierre, «c’est une belle chose pour nous d’être ici» (v 5), l’avis de la Voix est qu’il ne pourra faire une belle chose de sa vie qu’en bas de la montagne.

 

II

 

Après que la Voix ait précisé l’identité de Jésus dans le but de guérir l’aveuglement des partisans, Marc se tourne vers ces derniers pour faire voir à ces lecteurs quel effet ont eu sur eux les paroles thérapeutiques de Jésus et de la Voix. Dans un premier temps (vv 9-13), les trois partisans qui étaient montés avec Jésus sur la montagne se font interdire d’en parler, et c’est aussi bien puisqu’ils ne comprennent pas ce que Jésus leur annonce.

 

 

Rédaction

 

Les deux premiers versets (9-10), retenus par la Liturgie, sont tout entiers de la main de Marc[10]. Dans la rédaction de ce passage, Marc se fait ratoureux, tendant un piège aux trois partisans. En effet, il commence par faire répéter par Jésus la demande de silence qu’il leur avait faite en 5,43, après la réanimation de la fille de Jaïre. Il ne servirait à rien de mettre le système plus en rogne qu’il ne l’est déjà : il ne faut pas l’apeurer en lui révélant que le nouveau Moïse est sur place, proclamant la libération de son peuple, ou que le nouvel Élie est tout autant opposé au système que l’avait été le premier. Cela ne produirait rien de bon. Il vaut mieux attendre «quand l’Humain se sera levé des morts» (v 9) et donc après que la Voix aura réhabilité son «fils, l’aimé». Marc passe donc sous silence les souffrances qui vont conduire l’Humain à la mort, pour voir si les partisans et Pierre, en particulier, ont compris la leçon que Jésus leur a administrée. Le reste de la péricope, laissé de côté par la Liturgie, montre qu’ils ont encore beaucoup à apprendre.

 

Ligne de sens

 

1. L’Histoire a le don de bouleverser les scénarios que les humains se font sur leur propre vie ou sur le monde qui les entoure. L’avenir tel que Jean ou ses partisans l’envisageaient ne s’est pas matérialisé; pas davantage le régime de Dieu proclamé par Jésus n’est-il arrivé; ou la venue de l’Humain – ou du messie-fils de Dieu – espérée par les premiers chrétiens ne s’est-elle réalisée. Il est inévitable que les humains, croyants y compris, montent toutes sortes de scénarios sur le sort de l’humanité ou sur celui de la planète ou sur le cours de l’Après-vie. Ceux-ci vont se réaliser, ou pas. Cela n’a pour ainsi dire rien à voir avec la foi. L’important, dans l’Histoire, est d’avoir confiance, d’être en état de perpétuel discernement, et de suivre un chemin qui est orienté vers la cible de la vie et du devenir humain. L’idéologie ou la religion peuvent servir de béquilles et aider à marcher, mais ce ne sont pas elles qui tracent la voie. Quiconque accepte de recevoir cette très dure leçon de la vie peut dire «avoir la foi», quelle que soit sa religion ou son idéologie.

2. Il est très instructif de voir Marc travailler. Jésus n’arrive pas à ouvrir les yeux de ses partisans. Même la Voix ne réussit pas. Et, à deux mille ans de distance, on peut dire que Marc n’a pas fait mieux que ses illustres prédécesseurs. Quelques années plus tard, l’évangéliste Jean, considérant toute l’histoire d’Israël, l’évalue en quelques mots : «[Le Sens[11]] est venu chez lui, mais les siens ne l’ont pas accueilli». De façon paradoxale, croire en l’évangile de Marc, c’est reconnaître que la génération humaine actuelle ne fait pas mieux que les précédentes, et l’Église non plus. Celle d’aujourd’hui est aussi aveugle que celle de Marc, et nous dedans. La ligne de l’Histoire est celle d’un Non constant à l’objectif d’une vie heureuse de toute l’humanité, sur une planète qui lui appartienne en totalité, dans le respect de la nature. Ce que Marc nous dit, c’est que même si le ciel s’ouvrait et que la Voix elle-même, s’adressant à l’humanité et aux religions, leur disait quoi faire, nous n’en ferions rien. Les nations, au nom de l’intérêt national ; les religions, au nom de leur tradition. Quand l’Église lit Marc, elle ne voit pas ce qu’il dit parce qu’elle ne sait pas qu’elle est aveugle. Croire en l’évangile de Marc, c’est laisser monter cette souffrance en soi.

 

Notes :

 

[1] La Liturgie a uni au récit de la transformation de Jésus les versets 9-10 qui appartiennent à la péricope suivante. Je commenterai donc les deux morceaux séparément.

[2] Ou une formulation équivalente.

[3] Dans le texte, il ne se trouve pas d’indice permettant de voir à quelle étape de la transmission s’est fait l’ajout d’Élie (v 4).

[4] «Était glorifiée», selon la LXX.

[5] Quelques paroles évangéliques témoignent explicitement de la réflexion chrétienne sur la grandeur de Jésus : «S’ils n’écoutent ni Moïse, ni les prophètes, un ressuscité des morts ne les persuadera pas davantage» (Lc 16,31); «Ici, il y a plus que Jonas» (Q 11,32); «Ici, il y a plus que Salomon» (Q 11,31). Ces textes proclament une supériorité de Jésus (après sa mort) par rapport à l’ensemble de l’Écriture : Torah (Moïse), Prophètes (Moïse, Élie), Écrits sapientiaux (Salomon).

[6] Beaucoup d’exégètes sont d’avis que le récit d’apparition de Yhwh à Moïse en Ex 24 a influencé la rédaction de la péricope traditionnelle. En particulier, ils font état du fait que, en plus des soixante-dix anciens, Moïse prend trois compagnons avec lui (vv 1.9). D’autres similitudes sont également notables : nuage qui couvre la montagne pendant six jours (v 16), et, en Ex 34,30, rayonnement de la peau du visage de Moïse. Il est donc possible que, dans le texte traditionnel, Jésus ait été accompagné de ses trois principaux partisans plutôt que de l’ensemble du groupe. Mais ils sont tellement importants dans la rédaction de Marc, que j’ai préféré attribuer leur présence dans le récit à l’évangéliste.

[7] Marc se sert de la tradition rapportée en 1,11 pour rédiger le bout de phrase sur la Voix.

[8] Luc avait fort bien compris la chose, quand il a pris sur lui de préciser le sujet de la conversation : «il parlait de la sortie-de-chemin (exodos) qu’il allait accomplir à Jérusalem» (Lc 9,31).

[9] Si on fait le total des versets de l’évangile de Marc, en laissant de côté les cinq jugés inauthentiques ainsi que la finale deutérocanonique (16,12-20), cette péricope est située exactement au centre de l’œuvre. Le calcul est sommaire mais le résultat ne manque pas d’intérêt.

[10] La possibilité est sérieuse, cependant, qu’il existe un fond traditionnel à ce passage. La foi en la résurrection étant née en Judée, l’étonnement des partisans représenterait celui des croyants de Galilée qui étaient perplexes face à cette nouvelle façon de dire la foi.

[11] La «Parole» dont parle Jean est, par excellence, significative, puisqu’elle porte le Sens de tout.

 

À PROPOS D’ANDRÉ MYRE

André est un bibliste reconnu, auteur prolifique et spécialiste des évangiles, particulièrement de celui de Marc. Il a été professeur à la Faculté de théologie de l’Université de Montréal. Depuis plusieurs années, il donne des conférences et anime des ateliers bibliques.

 

Les opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs. Elles ne prétendent pas refléter les opinions de la Fondation Père-Ménard. Tous les textes publiés sont protégés par le droit d’auteur.

 

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